TREIZOUR sur les Mers Celtiques
du 29 mai au 16 juin

Trois marins à bord

Le mercredi 29 mai 2019, avec Did, Jérôme et Pierre à bord, TREIZOUR largue les amarres du ponton de Tréboul, dans le chenal de l'île Tristan. J'ai confié la maison du Treiz à Jean-Claude et Isa.

 

Navigation au près serré sur une mer agitée. Jérôme est un peu barbouillé. On a pris un ris et roulé le génois de 2 tours. Temps gris. Pierre barre en permanence. Nous passons par le passage du Toulinguet, au dessus des Tas de Pois. Le soir nous sommes à Camaret.

 

On commence les réparations, l’alimentation du pilote automatique pose des problèmes. Et ce n’est pas fini…

 

Jeudi 30 mai 2019, On hisse la grand voile devant la digue de Camaret – drame ! On a laissé des tendeurs anti-drisses-qui-claquent-la-nuit, les voilà hissés au niveau des barres de flèche. On hisse Pierre dans le mât, tout rentre dans l’ordre.

 

Nous appareillons pour de bon, nous embouquons le chenal du Four, pour arriver à l'Aber Ildut, avec un bon vent, qui finit par tomber. Jérôme pêche 2 maquereaux. Jean-Claude et Isa nous rejoignent à bord depuis Douarnenez au ponton de l’Aber Ildut, ils m'apportent mon disque dur oublié à la maison, ainsi que mes guides sur les oiseaux de mer et les mammifères marins.

Vendredi 31 mai 2019, 8h00, le grand départ pour la traversée de la Manche. On cafouille un peu notre manœuvre de départ, la quille tape un rocher à 25 mètres du ponton ! Le capitaine en reste tout fébrile.

 

Petit vent, des moments au moteur. Ce sera une belle traversée, au portant avec une mer assez tranquille.

 

Nous traversons le rail des cargos dans l’après-midi, des moments toujours assez impressionnants, mais l'AIS nous facilite la vie.

 

Nuit étoilée en mer. Did hors quart, Pierre et Jérôme enchaînent des quarts de 3 heures. Pierre démarre à 21 h, Jérôme enchaînera, et le capitaine se lève régulièrement pour voir si tout va bien, pour faire chauffer un café, ou à la demande. Le soleil se couche à 22h15, on va vers l’été.

 

Au petit matin on passe le rail des cargos côté Angleterre. En fin de matinée on approche.

 

Nous arrivons dans l'archipel des Scillys, à midi nous prenons une bouée dans le port de Hugh Town, sur l'île de St Mary's. Il fait beau.

 

28 heures de traversée, environ 110 milles nautiques.

 

Nous sommes tout près de « Comme un cheval fou », le voilier de Jean-Claude et Anne, de Douarnenez.

 

On gonfle l’annexe, belle balade dans l'île, sur le sentier côtier autour du fort Garrisson. On piquenique sur la digue du port. On a installé le petit moteur hors bord sur l’annexe : pratique à améliorer, c'est un vieux hors bord d'occasion qui marche de façon un peu rustique.

Lundi 3 juin, on a pris nos habitudes au petit supermarché de Hugh Town, où Pierre a trouvé des drôles de chocolats absolument délicieux ! On part sur le sentier vers le golf de St Mary’s. Piquenique au dessus d’une plage.

 

15h, on largue notre bouée, on va faire les pleins de fuel et d’eau au quai de Hugh Town.

 

Nous changeons de mouillage, nous allons dans le Old Grimsby Sound, entre les îles de Tresco et St Martin's. Nous y retrouvons le voilier de Jean-Claude et Anne, et celui de Gilles.

 

Mardi matin 4 juin, pluie ! Pas grave, guitare. Eh oui, on a 2 guitares à bord. Après, on va à terre avec l’annexe, on vise la plage. Mal de terre, Pierre titube et tombe à l’eau en descendant de l’annexe !

 

Hasard bienheureux, Anne de « Comme un cheval fou » arrive à ce moment-là : elle emmène Pierre sur son annexe motorisée au bateau (nous on est venu à la rame), il se change et Il rincera ses affaires au pub de l’île de Tresco qui propose des douches aux marins de passage. On remonte le sentier vers le nord de l’île du côté du New Grimsby Sound, vers la Tour Cromwell et le King Charles Castle. Vent et grain en revenant vers le pub. Bière, douche, et retour au bateau.

 

Mercredi 5 juin, mauvaise nuit… vent fort, clapot détestable en début de nuit. On avait prévu notre départ pour l'Irlande jeudi matin mais les prévisions météo décident : on partira ce soir.

 

Le soleil est revenu, on va à terre, on va explorer le sud de l’île, il y a un golf et un jardin botanique tropical qu’on apercevra de l’extérieur.

 

Pierre et Jérôme se baignent, et même longuement ! Il fait beau, la mer est basse, ils marchent longtemps sur le sable. Le capitaine garde les sacs frileusement…

 

20h15, nous larguons notre bouée dans le Old Grimsby Sound, après avoir attendu la fin d’un grain pour manœuvrer.

 

On est au travers, grand voile à 1 ris, 5 nœuds. 21h, Pierre démarre les quarts. Nuit très étoilée. Nous allons avoir des conditions météo très tranquilles. Dans la nuit on alterne des périodes moteur et des périodes voile.

 

au petit matin du jeudi 6 juin, le pilote automatique ne marche plus… Je le démonte, le remonte, il remarche !

 

7h35, 1er maquereau ! Et 3 autres vont suivre. 9h30, café au lait et thé en mer sur la table du carré, l’équipage est bien amariné.

 

à 14h30, on mange les maquereaux débités en filets, grillés, excellents.

 

18h, on a fait la moitié du trajet. Nous nous préparons à notre 2ème nuit en mer.

 

On alterne des moments voile et moteur. Jérôme se plaît à la barre cette nuit, il va rester de quart de minuit à 5 h du matin !

 

On passe 2 plateformes gazières en pleine mer au large de Cork.

 

6h45, vendredi 7 juin, à nouveau le vent est bien établi, on ne va pas très vite, mais c’est mieux que le ronronnement du moteur.

 

Dans l’après-midi, le vent monte, près serré, il va même monter jusqu’à 29 nœuds, arrivée musclée. On rentre dans la baie de Baltimore, on va inspecter la zone de mouillage devant le port, trop de vent, trop de clapot. J’avais prévu une solution de repli, en face de Baltimore, devant Sherkin Island, ce qui s’avèrera un choix bien meilleur. On a 2 voisins, 2 solitaires français qui naviguent de conserve. A part ça on est tranquille, pas de vent, pas de clapot, et un paysage magnifique.

 

19h, amarrage terminé sur une bouée.

 

47 heures de traversée, environ 180 milles nautiques.

 

Nous gonflons l'annexe, et nous allons à terre. Il y a un pub juste au dessus du mouillage, on entre, on se commande une bière, c'est la fin de l'après-midi, et nous découvrons qu'il y a 2 musiciens-chanteurs qui font l'animation. Premier pub en Irlande, premier concert d'Irish Music, c'est le bonheur !

samedi 8 juin : excellente nuit ! Nous changeons de bouée, on était sur une bouée privée, et on projette d’aller avec le mini ferry (capacité une camionnette) à Baltimore.

 

En attendant, on se promène sur Sherkin Island. On va voir Horseshoe Harbour, un port naturel incroyable,  genre abri secret pour James Bond, un petit abri plus ou moins circulaire au milieu des falaises, avec une entrée très étroite : hier soir, lors de notre arrivée ventée, on a vu un bateau y entrer, et je n’en revenais pas, jamais je n’aurais osé tenter ce passage ! Le voilier est là, tout seul, tranquille sur son ancre.

 

12h15, on prend le ferry pour Baltimore. Je retrouve ce coin charmant où je suis venu avec Noëlle et Jean il y a 1 an.

 

On va dans un pub, soupe du jour chou-fleur-brocoli et apple tart.

 

Nous partons à pied vers le Beacon, cet amer blanc très particulier en forme d’obus d’une quinzaine de mètres de haut qui balise l’entrée de la baie de Baltimore.

 

 

Geocaching : connaissez-vous la plus grande chasse au trésor au monde ? Jérôme est devenu depuis quelques temps addict à ce jeu qui ne nécessite qu’un téléphone avec géolocalisation. Il y a, paraît-il, 2 millions de géocaches dans le monde, mais ces trésors ne sont en général que des petites boîtes étanches en plastique avec, bien plié à l’intérieur, un bout de papier où on ajoute son nom et la date de sa découverte. C’est juste le plaisir de la recherche, en général dans des beaux coins de nature. Et il y a un géocache près du Beacon, sous un rocher au dessus de la falaise. Jérôme le trouve, très content.

 

 

Sieste sur l’herbe moelleuse et à l’abri du vent, au pied du Beacon, puis retour à Baltimore, où on fait les courses. On revient sur Sherkin Island par le ferry de 17h45, journée magnifique. 

 

Dimanche 9 juin, 2 averses au petit matin. On projette de partir. Il faut qu’on avance vers Cork, on imagine un trajet avec 2 ou 3 escales.

 

Petite virée à terre : Jérôme et Pierre se prennent une douche sur le petit ponton de bois de Sherkin Island, avec le tuyau qui arrive là. Et ils ont même l’air réchauffés !

 

 

On part vers l’Est à 11h30. On fait route à la voile, grand largue, petit temps. On arrive à 14h45 dans la rivière de Castletownshend. Remontée du chenal, la mer est assez agitée, petit vent désagréable, on continue, la rivière tourne, et là nous trouvons une bouée au calme, au milieu d’autres bateaux : bel endroit qui nous convient.

 

On met l’annexe à l’eau pour faire un tour à terre. Essai très cafouilleux : la berge est boueuse, escarpée. On arrive sur un chemin qui nous conduit à un manoir-auberge très chic. On passe vite, un tondeur de gazon à l’anglaise nous ignore.

 

Petit tour dans le village désert. Rien ne nous fait envie, pas de pub à musique, aucune animation, on retourne au bateau. Nuit paisible.

 

Lundi 10 juin : je découvre que le plancher de l’entrée de la cabine avant, est trempé, moquette imbibée, et mon sac à vêtements, posé dessus, aussi…

 

11h30, on quitte notre petit coin tranquille On fait route au moteur, pas de vent. On s’est prévu une étape très courte aujourd’hui, vers Glandore. En arrivant vers l’embouchure de la rivière de Glandore, le vent se lève, et on va même avoir, en approchant d’une bouée, une sacrée averse de grêle ! Amarrage rapide, on y reviendra.

 

Une 1/2 heure plus tard, on change de bouée, on se met plus près du quai.

 

On va faire un tour à terre. Papotage avec un couple français qui vient de racheter une boutique-auberge sur le port, ils avaient déjà une autre affaire en Irlande avant de venir ici. On continue notre balade sur la corniche, et on se pose sur une terrasse de bistro face à la baie pour siroter une bière.

 

Avec Pierre, on fait 3 allers-retours pour remplir la réserve d’eau avec le jerrican de 10 litres. Mauvaise idée, on le découvrira plus tard...

 

 

Mardi 11 juin, départ matinal à 7h50. On fait un départ sans moteur, à la voile. On dévale le chenal de Glandore sous grand voile seule, vent arrière, avec 20 nœuds de vent.

 

Nous prenons notre cap vers l’Est, il y a de belles rafales sur une mer plate, Jérôme est à la barre et fait un beau départ au lof, le bateau se retrouve en sens inverse. Tout rentre dans l’ordre, mais il n'y avait qu'un ris, on en prend un 2ème.

 

On dépasse le phare de Galley Head, et le vent monte à 25, 30 nœuds, avec des pointes à 33 nœuds. On a un peu roulé le génois. On va même prendre le 3ème ris dans la grand voile.

 

Jérôme barre longtemps, et prend beaucoup de plaisir dans ces conditions musclées.

 

Feuilleton inondation : on découvre de l’eau dans l’entrée de la cabine avant : la réserve d'eau de 100 litres fuit… On éponge, on éponge.

 

On tire de longs bords pour remonter vers la rivière de Kinsale, ce qui nous rallonge notre route. Le vent a un peu baissé, devenant plus maniable.

 

L’arrivée sur Kinsale est assez spectaculaire, un vieux fort à droite, la ville sur la gauche. Nous nous amarrons à un ponton de cette marina très chic en plein centre ville.

 

On nous avait parlé de tarifs dissuasifs dans cette marina, non, le prix est raisonnable, classique. On profite des douches chaudes.

 

Ce soir, on mange des fish & ships au Dino’s. Cette journée avec gros vent nous a infligé à tous les 3 un mal de terre invraisemblable : dans la rue on a l’impression de marcher sur un trampoline, au resto on est sur des chaises à bascule !

 

Mercredi 12 juin, journée-repos à Kinsale. On va se promener au marché, on se trouve des kébabs et des salades composées qu’on mange à bord.

 

Le soir, musique ! Pierre a repéré un pub, on s’y installe : un guitariste et un mandoliniste font le spectacle, mais il n’y a pas beaucoup de spectateurs. Bonne musique, mais on s’esquive, il y a un autre pub pas loin, bondé.  On assiste aux derniers morceaux d’un groupe guitare – banjo 5 cordes, et un autre groupe enchaîne au fond du pub, guitare + guitare basse. Et on va avoir droit à nos tubes, dont « Dirty Old Town ». On est contents !

 

Jeudi 13 juin, 11h30, on quitte notre ponton. On est doublé dans le chenal par un super yacht qu’on est allé admirer au ponton, « Mini Y ».

 

Cap sur Crosshaven, le port de plaisance de Cork. Il y a des rafales à 27 nœuds. Vent soutenu à 20-22 nœuds, mer plate, comme nous en avons maintenant l’habitude.

 

Belle après-midi de voile. Depuis quelques jours le pilote automatique ne marche plus, malgré nos efforts. On barre.

 

Nous tirons des bords pour nous approcher de l’entrée de la rivière de Cork, on croise des voiliers, et même un cargo qui arrive par surprise derrière nous.

 

17h30, on est amarré à la Crosshaven Boatyard Marina, la 1ère des 3 marinas de Crosshaven. Choix un peu au hasard, qui se révèlera être un bon choix : l’endroit est tranquille, c’est un chantier naval qui va pouvoir m’aider à régler mon problème de pilote automatique, et en plus le supermarché est tout près.

 

Un voisin de ponton nous donne le code des portes. Marina rustique, mais sanitaires propres.

 

On explore le coin. On apprend que demain la reine des Pays Bas sera là ! Des manifestations, musique et danses, sont prévues. En fait on ne verra que des bateaux d’officiels et des voitures noires.

 

Vendredi 14 juin, dernière journée à bord pour mes équipiers.

 

Je prends contact avec le chantier naval. Fonctionnement un peu flou, mais j’ai affaire à des gens qui ont l’air de confiance.

 

En début d’après midi, on déplace le bateau pour aller faire le plein de fuel, on met une trentaine de litres, le marinier nous dit que sa machine affiche qu’on a mis 3 litres ! OK, on ne va pas se plaindre…

 

En début de soirée, on monte vers l’église de Crosshaven, puis on cherche un pub avec de la musique. Déception. On va manger un fish & chips au pub Cronin’s.

 

 

Samedi 15 juin, bagages, rangements.

 

Nous prenons dans la matinée le bus à impériale pour Cork.45 minutes de trajet.

 

On repère la gare routière, les horaires pour aller à l’embarcadère des ferrys, à Ringaskiddy. On erre dans le centre ville.

 

On mange 2 pizzas et une salade dans un petit resto.

 

Pierre et Jérôme prennent le bus pour le ferry à 13h20, un peu en catastrophe : on croyait que le départ était à la gare routière, non, c'est 2-3 rues plus loin. On se quitte.

Ils me diront qu’ils ont passé une très belle soirée à bord du ferry, avec Pierre à la guitare pour accompagner « Dirty Old Town » avec des irlandais chanteurs.

Je les regarde partir, et je pars à pied vers le sud de Cork, j’ai repéré sur internet l’adresse d’un shipchandler, CH Marine, à 3-4 km du centre ville. Je me retrouve à marcher le long d’une 4 voies, sans trottoir…

 

Une voiture de police s’arrête, et me ramasse. Le policier, très sympathique, me demande où je vais, et pourquoi je suis là. Je m’explique, il m’emmène chez mon shipchandler, se gare et vient dans le magasin avec moi !

 

Je commande un réservoir d’eau, il me sera livré à Crosshaven lundi soir. Et le policier me propose de me reconduire à ma marina ! Si ça ce n’est pas de la police de proximité ! On papote, il me fait parler de mon voyage, il me parle de la ville de Carrigaline qu’on traverse et qui est jumelée avec Guidel en Finistère. Il récupère en route ses 2 fils, à qui il raconte mes aventures. Étonnant.

 

Je retrouve le bateau, tout vide. J’aère les coussins, je vais laver les draps.

 

Je vois passer le ferry de la Brittany Ferries, je salue au loin Jérôme et Pierre.

 

Demain dimanche ils feront 1000 km en voiture pour retourner vers Grenoble et Forcalquier.

 

Le soir, musique au Cronin’s. Tout seul, c’est moins bien…

 

Dimanche 16 juin, journée venteuse, pluvieuse. Je fais de la lessive. Pas facile de faire sécher tout ça : un peu dehors, entre 2 averses, avec beaucoup de pinces à linge, et surtout dedans, il y en a partout.

 

Je regarde « Avatar » sur l’ordinateur, je lis, je me balade. Il faut que je prenne mes marques pour naviguer en solo, une nouvelle croisière commence !